J’ai eu quelques peines à trouver le sujet d’une première contribution à ce blogue. De nombreuses idées me venaient à l’esprit, aucune ne pouvait être choisie. Afin de respecter les règles de ce blogue, je cherchais un sujet mettant de l’avant une pensée encourageante et positive, curieusement les seuls sujets qui ont traversé ma tête étaient négatifs. Une critique d’un livre qui m’a déplu, une opposition à un comportement observé ou une contestation d’un courant de pensée. Jovial n’est-ce pas. Je cherchais une pensée positive et tout ce qui me passait par la tête était des critiques. Heureusement, je possède quelques bases en mathématique et je sais que deux négatifs font un positif… j’ai donc décidé de faire une critique de la critique.
Qu’on le veuille ou non, il me semble que la critique est inévitable. Même si mon intention était de condamner la critique en l’identifiant comme une source de conflit, je le ferais en critiquant. Je crois donc que, peu importe l’opinion que nous avons de la critique, il est important de prendre le temps de se questionner sur ce qu’est la critique et ce qui la motive. Du grec kritikos, signifiant jugement ou discernement, la critique consiste en une analyse ayant pour but de déterminer la valeur de quelque chose en débusquant ses défauts et qualités. En 1939, lors d’une entrevue avec le magazine britannique le New Statesman, Winston Churchill dit de la critique qu’elle « n’est peut-être pas agréable, mais elle est nécessaire. Elle occupe la même fonction que la douleur dans le corps humain : elle dirige l’attention vers les développements malsains ». Personnellement, je vois la critique comme un outil très puissant, mais que nous utilisons trop souvent à mauvais escient. Plus précisément, ce texte portera principalement sur la critique ayant pour objet les courants de pensée, les réflexions, les comportements et les normes. Évidemment, la critique affecte les gens critiqués en plus de ceux qui en sont simplement auditeurs, il est donc impératif de critiquer intelligemment, de choisir ses combats, de le faire doucement et dans le respect des autres. Il serait pourtant erroné de croire que la critique n’affecte que ceux qui l’entendent puisqu’en effet, la critique affecte aussi le critiqueur.
La critique n’est pas mauvaise en soi certes, le problème vient plutôt de l’utilité qu’on lui donne. La critique peut être utilisée pour se protéger. Quelqu’un pourrait déconstruire un courant de pensée pour le disqualifier, s’élever au-dessus et ne plus être menacé par cette idée concurrente. Ou encore, quelqu’un pourrait utiliser la critique pour montrer sa valeur puisqu’en critiquant quelque chose ou quelqu’un, nous pouvons tenter de démontrer notre plus grande compréhension de cette chose (Proverbe 18:1-2). Peu importe ce qui la motive, un danger qui nous guette tous est la tentation de se positionner par la négative. « Je ne suis pas romantique et je n’adhère pas au classicisme, je ne suis pas épicurien et loin d’être stoïque, je ne suis pas légaliste et je ne crois pas en une grâce bon marché. » Tant d’opposition, mais au fond que défendons-nous? Comme si nous tentions d’encercler la vérité par des oppositions à ses alternatives plutôt que de chercher la vérité elle-même. Comme si la détection d’une fausseté équivaut à avoir trouvé la vérité. La vérité est tellement plus grande qu’un simple non-mensonge! Se trouvant dans une pièce sombre, il est probablement plus réconfortant de rester près des murs pour s’y appuyer et pour les utiliser comme repère en les palpant. Mais si l’interrupteur de la lumière se trouve au centre de cette pièce, il faut savoir prendre le risque de s’aventurer dans le noir pour le trouver.
De même, un des périls de la critique est d’oublier qu’elle n’est utile qu’en relation avec la vérité. Que l’on critique les chrétiens ou les non chrétiens pour toutes sortes de raisons, le fait que l’on reconnaisse que les choses ne fonctionnent pas de la bonne façon devrait être un rappel qu’il y a une « bonne » façon pour les choses de fonctionner. Ainsi comme le mur dans la pièce sombre, la critique devient un point de repère qui peut nous orienter, mais qu’il faut aussi savoir laisser derrière soi pour avancer. Nous pouvons critiquer pour trouver la vérité ou pour la défendre, mais la critique séparée de la vérité est sans force envers les autres, et est destructrice envers la personne qui en fait usage.
Dans son roman allégorique Le Retour du pèlerin, C.S. Lewis (1933) raconte le cheminement philosophique et spirituel de John, le protagoniste. L’extrait suivant présente la rencontre de John et de trois hommes vivant ensemble.
- ‘At least you all believe in the Landlord?’
- ‘I have no interest in the question,’ said Classical.
- ‘And I,’ said Humanist, ‘know perfectly well that the Landlord is a fable.’
- ‘And I,’ said Angular, ‘know perfectly well that he is a fact.’
- ‘This is very surprising,’ said Vertue. ‘I do not see how you have come together, or what your common principles can possibly be.’
- ‘We are united by a common antagonism to a common enemy,’ said Humanist. (Pilgrim’s regress, 91)
[…] [Face à une menace militaire]
- [John:]‘But how are you going to fight? Where are your troops? Where is your base of supplies? You can’t feed an army on a garden of stones and sea-shells.’
- ‘It is intelligence that counts,’ said Humanist.
- ‘It moves nothing,’ said John. ‘You see that Savage is scalding hot and you are cold. You must get heat to rival his heat . Do you think you can rout a million armed dwarfs by being “not romantic”?’ (Pilgrim’s regress, 102)
Dans ce passage, Lewis présente trois hommes unis, non parce qu’ils combattent le même combat, mais seulement parce qu’ils ont le même ennemi. Ces hommes ne se positionnent pas en fonction de ce qu’ils croient, mais de ce qu’ils ne croient pas. Ils sont pâles, faibles et ne peuvent rien contre l’ennemi qui prépare une attaque. L’opposition n’a de la force que si elle défend quelque chose. Il est impossible de déplacer des montagnes en ayant foi en une opposition. Comment défendre cette foi si elle n’est que scepticisme? Comment convaincre quelqu’un de ce que l’on croit si l’on ne croit rien?
Paradoxalement, la critique laissée à elle seule est aussi destructrice. Un esprit aiguisé peut se servir de la critique pour dévoiler les erreurs, les défauts et les fautes. Sans avoir en vue la beauté d’une vérité divine, la prise de conscience de la cassure de ce monde peut être bien souffrante. Le froid n’existe qu’en l’absence de chaleur, prendre conscience qu’il fait froid est donc un appel à chercher une source de chaleur. Quelqu’un ne se contentant que du constat qu’il fait froid, trouvera la condition d’autant plus désagréable, se plaindra du désagrément, mais n’aura pas plus chaud. Similairement, la constatation d’une erreur met en évidence qu’il existe une « bonne façon », mais quelqu’un prenant conscience de l’erreur sans chercher ce bien finira par oublier qu’il existe et sera absorbé par l’erreur. J’ai peine à voir comment cela pourrait mener à autre chose qu’au cynisme et à l’amertume. Dans son livre L’Homme Éternel Chesterton (1925) dit : « Le pessimisme, ce n'est pas d'être fatigué du mal: c'est d'être fatigué du bien. Le désespoir, ce n'est pas d'être accablé par la souffrance, mais d'être las de la joie ». La critique laissée à elle même perçoit la noirceur, mais ne possède aucune défense pour la garder en dehors de soi.
La nature déchue de l’être humain (Ésaïe 64:6) et de tout ce qui nous entoure rend la critique relativement facile en elle-même. Quiconque s’y adonne trouvera son lot de défauts. Le monde dans lequel nous vivons déborde de courants de pensée erronés, de gens qui se trompent, de pratiques inappropriées et de mensonges acceptés comme vérités. Et, en étant le moindrement honnêtes, nous pouvons constater qu’encore plus de noirceurs et folies se cachent en nous-mêmes. Si notre critique n’est motivée par nulle autre que la recherche des fautes, nous risquons de perdre toute force et toute joie, nous risquons de nous perdre dans les ténèbres que nous aurons trouvées. Il faut savoir laisser le mur et chercher l’interrupteur, il faut savoir rechercher la source de chaleur. Prenons le risque de nous aventurer dans ce que nous ne pouvons critiquer. La critique devient alors un sous-produit de la recherche de la vérité et de la beauté, elle est une façon de dire : « non, je n’ai rien trouvé ici ». Plutôt que de chercher à s’élever en critiquant, humilions-nous devant les vérités dans lesquelles même les anges désirent plonger leur regard (1 Pierre 1:12). Ne nous positionnons pas par altérité, mais prenons position pour les merveilleuses vérités de Dieu et la critique ne sera qu’une conséquence de notre émerveillement. Nous allons alors pouvoir dire : « Je n’adhère ni au romanticisme ni au classicisme puisque je suis amoureux du seul vrai Dieu. Je ne suis ni épicurien ni stoïque, car je suis libre par le don de la grâce. Je ne suis pas légaliste et je ne crois pas en une grâce bon-marché, je suis justifié en Jésus mon sauveur. »
« Je demande à l’Éternel une chose, que je désire ardemment : je voudrais habiter toute ma vie dans la maison de l'Éternel, pour contempler la magnificence de l'Éternel et pour admirer son temple » (Psaume 27 : 4)
Paradoxalement, la critique laissée à elle seule est aussi destructrice. Un esprit aiguisé peut se servir de la critique pour dévoiler les erreurs, les défauts et les fautes. Sans avoir en vue la beauté d’une vérité divine, la prise de conscience de la cassure de ce monde peut être bien souffrante. Le froid n’existe qu’en l’absence de chaleur, prendre conscience qu’il fait froid est donc un appel à chercher une source de chaleur. Quelqu’un ne se contentant que du constat qu’il fait froid, trouvera la condition d’autant plus désagréable, se plaindra du désagrément, mais n’aura pas plus chaud. Similairement, la constatation d’une erreur met en évidence qu’il existe une « bonne façon », mais quelqu’un prenant conscience de l’erreur sans chercher ce bien finira par oublier qu’il existe et sera absorbé par l’erreur. J’ai peine à voir comment cela pourrait mener à autre chose qu’au cynisme et à l’amertume. Dans son livre L’Homme Éternel Chesterton (1925) dit : « Le pessimisme, ce n'est pas d'être fatigué du mal: c'est d'être fatigué du bien. Le désespoir, ce n'est pas d'être accablé par la souffrance, mais d'être las de la joie ». La critique laissée à elle même perçoit la noirceur, mais ne possède aucune défense pour la garder en dehors de soi.
La nature déchue de l’être humain (Ésaïe 64:6) et de tout ce qui nous entoure rend la critique relativement facile en elle-même. Quiconque s’y adonne trouvera son lot de défauts. Le monde dans lequel nous vivons déborde de courants de pensée erronés, de gens qui se trompent, de pratiques inappropriées et de mensonges acceptés comme vérités. Et, en étant le moindrement honnêtes, nous pouvons constater qu’encore plus de noirceurs et folies se cachent en nous-mêmes. Si notre critique n’est motivée par nulle autre que la recherche des fautes, nous risquons de perdre toute force et toute joie, nous risquons de nous perdre dans les ténèbres que nous aurons trouvées. Il faut savoir laisser le mur et chercher l’interrupteur, il faut savoir rechercher la source de chaleur. Prenons le risque de nous aventurer dans ce que nous ne pouvons critiquer. La critique devient alors un sous-produit de la recherche de la vérité et de la beauté, elle est une façon de dire : « non, je n’ai rien trouvé ici ». Plutôt que de chercher à s’élever en critiquant, humilions-nous devant les vérités dans lesquelles même les anges désirent plonger leur regard (1 Pierre 1:12). Ne nous positionnons pas par altérité, mais prenons position pour les merveilleuses vérités de Dieu et la critique ne sera qu’une conséquence de notre émerveillement. Nous allons alors pouvoir dire : « Je n’adhère ni au romanticisme ni au classicisme puisque je suis amoureux du seul vrai Dieu. Je ne suis ni épicurien ni stoïque, car je suis libre par le don de la grâce. Je ne suis pas légaliste et je ne crois pas en une grâce bon-marché, je suis justifié en Jésus mon sauveur. »
« Je demande à l’Éternel une chose, que je désire ardemment : je voudrais habiter toute ma vie dans la maison de l'Éternel, pour contempler la magnificence de l'Éternel et pour admirer son temple » (Psaume 27 : 4)